Un mois de congés payés à Ibiza pour les enseignants

Attention. Ce qui va suivre est une fiction. Toute ressemblance avec la réalité serait donc purement volontaire.

Alors, il a parlé. « Ce n’est pas tout à fait comme l’été, mais je suis sûr qu’ils s’y feront très bien ! » a déclaré hier soir JB, ministre des écoles, lors de la grand-messe du 20 Heures. L’entourage du ministre avait bien prévenu, dans l’après-midi, qu’une grande annonce serait faite. On s’attendait à beaucoup de choses, mais nous aussi, on est restés cois devant notre poste.

Une annonce prévue de longue date

Il faut dire que pour une fois, le ministre avait bien préparé son coup. De sources proches du dossier, des syndicats avaient été sondés pour « prendre la température, évaluer le moral des professionnels. » Il en est ressorti que le moral était en berne, et les troupes épuisées par les protocoles successifs mis en place dans les écoles. « On sentait venir un mauvais coup, alors on leur a donné un petit remontant » confie un connaisseur des bancs d’école. Quid des élèves ? « À leur âge, on n’est jamais contre les vacances ! » s’est exclamé JB devant le journaliste qui l’interrogeait, lui aussi médusé.

Par ailleurs, le ministre des écoles, souvent critiqué pour sa bureaucratie et son inexpérience du terrain, a tenu à rectifier le tir. « J’ai été tester moi-même cette destination au début du mois, pour m’assurer que les bancs de sables puissent remplacer les bancs de l’école. L’aspect psychologique est très important, voyez vous-même ! » a déclaré JB en arborant un sourire radieux.

Tous les enseignants auront donc droit à un mois tous frais payés à Ibiza, dans la résidence de leur choix. Ils auront la possibilité d’en faire profiter leur famille, « à condition de ne pas aider leurs enfants à faire leurs devoirs, car il s’agit d’un moment de repos » précise le ministère des écoles dans un communiqué. Selon le protocole, tous les élèves auront l’obligation de ne pas se rendre à l’école pendant un mois, car « eux aussi, il faut qu’ils soufflent. » Les locaux désertés pourront toutefois servir pour des activités ludiques, comme des matchs de football, dont l’organisation reste à définir.

Le milieu enseignant mitigé

Du côté des principaux concernés, les réactions sont partagées. FO et la FCPE, constatent que « pour une fois le ministre ne fait pas les choses à moitié », mais ne veulent pas « se réjouir trop vite, en l’absence d’un protocole de vacance anticipé viable. » Chez les cégétistes, en revanche, la pilule passe mal. « Encore une fois, JB est à côté de la plaque. Nous attendions des annonces qui répondent aux vraies revendications des travailleurs et travailleuses, une revalorisation, plus de moyens financiers et humains. » « À quoi ça rime ? » s’interroge ainsi un enseignant de la Courneuve qui a souhaité garder l’anonymat. « Un mois de vacances et puis s’en va ? Tant qu’à faire, j’aurais préféré aller au ski, au moins on aurait appris quelque chose » déplore-t-il également.

Un appel à manifester à d’ores et déjà été relayé par plusieurs organisations syndicales et collectifs d’enseignants, pour dénoncer l’incohérence du choix du ministre des écoles dans la destination choisie. De son côté, le gouvernement réfléchit à mettre en place un passe vacancier annuel pour les enseignants, valable à condition que ceux-ci ne fassent pas grève plus de trois fois par an.