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Guerre en Ukraine : Les soldats libérés pour l’été
Guerre en Ukraine : Les soldats libérés pour l’été

Guerre en Ukraine : Les soldats libérés pour l’été

Attention. Ce qui va suivre est une fiction. Toute ressemblance avec la réalité serait donc purement volontaire.

1er Juillet. Marina marche seule sur une route endommagée, dans la banlieue de Sievierodonetsk. Un petit sac avec quelques affaires, un pull-over noir, un pantalon de toile usé, une paire de baskets, et le poids de ses soixante-dix-huit années : c’est tout ce qu’il lui reste. Sa maison a été détruite par un bombardement le matin même. Elle a réussi à s’échapper avant que les Russes ne prennent le contrôle de la zone. Dans sa précipitation, elle n’a pas pu emmener son téléphone. « J’espère que mes petits-enfants vont bien. »

Justement, trois jeunes hommes arrivent à pied en sens inverse. Ils ont entre vingt et trente ans, « ça pourrait être les miens. » Ils ont l’air étrangement détendus. Le plus grand des trois a retiré son casque et laisse apparaître un crâne rasé, où subsistent quelques rares cheveux bruns. Les deux autres l’écoutent raconter quelque chose. « Ce doit être le lieutenant d’un régiment. » Enfin, les trois soldats parviennent à sa hauteur. On s’arrête, on se tait. On s’observe, d’abord. Puis : « Où allez-vous ? » Les militaires, décontenancés, se regardent avant d’éclater de rire. Ils n’ont pas pour habitude de se faire interroger ainsi par des civils. « En vacances, pardi ! »

Marina s’offusque de ce manque de respect. On ne parle pas sur ce ton à une personne de son âge, et encore moins dans une telle situation. Voyant que les trois hommes ne bronchent pas, Marina demande des explications. « Tous les soldats sont libérés de leurs obligations de combat jusqu’au 31 Août, sans explications ! » s’exclame un autre soldat, plus trapu. « On s’attendait pas à s’arrêter comme ça d’un coup. Mais on le mérite. Je pense qu’on va rentrer chez nous. Et vous, c’est où chez vous ? » Marina lâche quelques larmes. Le soldat se tait. « On nous dit qu’on devra reprendre dans deux mois, mais je pense qu’aucun de nous ne reviendra sur le front. Plutôt mourir » lâche le dernier soldat.

Les trois jeunes hommes proposent de ramener Marina chez une cousine, qui est revenue habiter à Kiev après avoir fui le pays l’hiver dernier. Elle accepte. « Et vous, c’est où chez vous ? » demande-t-elle. Elle est heureuse de cette situation : peut-être que la guerre va pouvoir prendre fin. « Aujourd’hui, je ne sais plus trop » répond le jeune homme au crâne rasé avec une pointe d’accent russe.

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